Saint-Omer. Bibliothèque d'agglomération, Ms. 154

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Source
Bibliothèque de l'Agglomération du Pays de Saint-Omer
Library
Bibliothèque de l'Agglomération du Pays de Saint-Omer
Shelfmark
  • Ms. 154
Biblissima authority file
Date
  • 11e siècle
Language
  • Latin
Title
  • Evangéliaire
Agent
Description
  • Volume de 128 feuillets de parchemin, inscrits à longues lignes sur 25 lignes d'une réglure à la pointe sèche. L’écriture est une textualis protogothique régulière, probablement d'une seule main.

    Contenu

    Il s'agit d'un évangéliaire, livre liturgique où les textes des évangiles sont découpés en fonction de l'ordre des lectures de l'année. Comme pour le ms. 56, Au XIIIe siècle, on a ajouté une série formules juratoires, cete fois pour l'insittution des curés des paroisses de la ville et hors de la ville : "Qui sunt instituendi in aliquia parrochia extra villam jurabunt sic" et "Qui sunt instituendi in aliquia parrochia infra villam jurabunt sic". Le reste du volume s'organise comme suit : _f. 2v-127 : Péricopes évangéliques du Temporal et du Sanctoral, de la Vigile de Noël à la quatrième semaine d’Avent _f. 2v-103v : Temporal _f. 103v-122 : Sanctoral _f. 122-127 : Intentions diverses _f. 127v : [ajouté] : « In Cathedra sancti Petri » _f. 128v : [ajouté] : Antienne des Innocents « Vox in rama » On trouve, au verso de la première garde volante, qui s'avère être l'ancienne contrecollé, une formule d'excommunication à l’encontre de Grégoire le Rouge, chapelain de Ruhoult : "Exoitam[us] auct[orita] p[ri]uito[rum] eccl[es]ie om[n]es qui v[er]buerunt & wina[m] ueru[m] d[o]m[ini] Gregoriu[m] Rubeu[m] - capellanu[m] de Ruhout & est om[n]es qui irruptiones esterunt i[n] domos i[n] claustra s[anctum] audom[arum] seu alias **mcias". Selon le relevé des dignités ecclésiastiques de l'église de Saint-Omer, établi au XVIII par Louis Joseph Cornile des lions de Noircarme (Saint-Omer, BA, mss. 896, 1559) : "La troisième a été fondée en l’an 1189 par Philippe d’Alsace, compte de Flandre et est nommée le canonicat du Ruhoult, ou du Prince, parce que ce prince la fonda en forme de chapelle pour son aumônier qui le servait au château du Ruhoult où il tenait son domicile, et voulu que lorsqu’il ne serait pas en son domicile, que cette chapelle soit transféré dans l’église de Saint-Omer ou Gérard d’Alsace était prévôt, celui-ci, avec le doyen et le chapitre, accepta cette fondation, et pour l’honorer, érigea cette chapelle en prébende canoniale. [...] Pierre *** qui fut aumônier ou chapelain de ce compte dans le château de Ruhoult, on ne trouve pas ses successeurs jusqu'en l'an 1269". Le Guillaume le Rouge en question dans notre manuscrit devait en être chapelain entre 1189 et 1269. Et au verso de la troisième garde (ancienne volante contrecollée), on trouve le reponsorium "Vox in Rama audita est..., tiré de l'évangile selon Matthieu, II, 18, accompagné d’indications neumatiques.

    DÉCOR

    Ce volume s'ouvre sur une miniature pleine page, dont le style est très représentatif de la production audomaroise du début du XIe siècle, influencée par la production du scriptorium de Saint-Bertin au siècle précédent et notamment des manuscrits produits par ou pour l'abbé Odbert de Saint-Bertin (987-1007). Certains éléments dans les figures humaines témoignent de l'influence du style de l’école carolingienne de Winchester. Les aplats de couleur rouges, bleus et verts sont des aouts postérieure (XIIe s. ?) Il peut être rapproché des mss 3 et 56. Qui proviennent tous les deux du chapitre. L’initiale ornée I, bleue et rouge sur fond vert, dont les extrémités sont ornées de protomés animaux est un motif récurent que l'on retrouve décliné avec quelques variation dans d’autres manuscrits produits pour le Chapitre à la même époque : ms. 2, f. 7v, 131v ; ms. 3, f. 84v, 103v. La mise en page très aérée du corps de texte, l'usage des couleurs brune et rouge en alternance pour les rubriques, des lettres enclavées, pointent vers le XIe siècle, et suggèrent une influence de la production des scriptoria rhénans, tel que l’Évangéliaire de Bernward de Hildesheim. Mais le vocabulaire ornemental est quant à lui plutôt d'influence franco-saxonne avec ses serpents, ses entrelacs.

    ICONOGRAPHIE

    Le premier feuillet de ce volume s'ouvre sur une composition à l'encre divisée en deux registres superposés encadré de rinceaux. Chaque registre est structuré par une arcade; dans les écoinçons de laquelle sont figurés des oiseaux au registres inférieur et des serpents aptères au registre supérieur. Au registre inférieur, un vélum est accroché à l'alcôve, dont les pans enroulés à l'arceau dévoilent la scène. Un homme est alité, endormis la tête posée sur la main gauche, tandis qu'un ange, ailé, nimbé, posé sur des nuées et tenant un bâton crucigère dans la main gauche, s'adresse à lui en faisant le geste de la main parlante (pouce, annulaire et auriculaire repliés, index et majeur levés en avant). Cette scène illustre le songe de Joseph de Nazareth, relaté en Matthieu I, 20. Au registre supérieur est figuré le mariage de Marie et Joseph. Les époux sont assistés de cinq témoins, et la main de Dieu sort des nuées pour désigner l'époux et confirmer son choix. Cette scène renvoie à l'évangile selon Mathieu, I, 18. Joseph est figuré à l'identique sur les deux registres, on notera que les époux ne sont pas nimbés, ce qui est commun pour Joseph, mais moins pour la Vierge. Seul l'ange est nimbé, ce qui nous indique que ce motif sert surtout ici à signifier sa nature céleste de même que les nuées sur lesquelles il est posé et qui font écho à celles d'où émerge la main de Dieu.

    RELIURE

    XVIe siècle restaurée par la BnF en mai 1954 : ais de bois biseautés couvert de veau brun estampé à froid d'un décor de petits fers dessinant un rectangle au centre des plats : étoile, cerf, couple d'oiseaux, vestiges de fermoirs et contre-agrafes de laiton, trace d'une chaine, dos à quatre nerfs doubles, refait en basane fauve.

    PROVENANCE

    "Bibliothecae Blaseanae" inscrit à l'encre sur le premier feuillet. La bibliothèque Blaséenne a été créée par l'évêque Jacques Blase, dit Blaseus, à sa mort le 21 mars 1618, par le legs des nombreux volumes qu’il a rassemblés de son vivant, et dont beaucoup sont frappés à ses armes. Il lègue également une rente de 1000 florins, destinée à aménager une salle pour accueillir cette collection, à appointer un bibliothécaire et continuer d’enrichir ce qui devient alors la Bibliotheca Blaseana. Elle est installée à l’étage de l’aile ouest du cloître de la cathédrale. Celle-ci est, en quelque sorte, la première bibliothèque publique de Saint-Omer, car Blaseus impose qu’elle soit ouverte au public plusieurs heures par semaine. Outre les volumes amenés par le legs de Blaseus, les volumes de l'ancienne bibliothèque du chapitre y sont intégrés, dont celui-ci.

    BIBLIOGRAPHIE

    A. Catalogues d’exposition L’art du Moyen Âge en Artois, (cat. expo), Arras, 1951, cat. 13, p. 47, pl. 14. B. Bibliographie générale _KAHSNITZ, Rainer, « Der christologische Zyklus im Odbert-Psalter », Zeitschrift für Kunstgeschichte, 51, 1988, p. 33-125. _OURSEL, Hervé, DEREMBLE-MANHES, Colette, THIEBAUT, Jacques, Nord Roman,Flandres, Artois, Picardie, Laonnois, Abbaye de la Pierre-qui-Vire, Zodiaque,1994. _SMEYERS, M., Flemish miniatures : from the 8th to the mid-16th century, Turnhout, Brépols, 1999. _LAFONTAINE-DOSOGNE, Jacqueline, "Iconographie de l'Enfance de la Vierge dans l'Empire byzantin et en Occident", Mémoires de l'Académie royale de Belgique. Classe des Beaux-Arts, 11, 1964-65. _REILLY, Diane J., The Art of Reform in Eleventh-Century Flanders : Gerard of Cambrai, Richard of Saint-Vanne and the Saint-Vaast Bible, Leyde-Boston, Brill, 2006. _BEDAGUE, Jean-Charles, "Archives, archivages et archivistique à la collégiale de Saint-Omer à la fin XVe siècle à la lumière d’un inventaire de 1480", Bulletin de la Commission royale d’Histoire, 176 (2010), p. 415-458.

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