Ce volume de [2] 17 [1] pages de papier, très restauré
(probablement au XIXe siècle), contient l'un des rares exemplaires
conservé du poème historique d'un Certain Guillaume de le Nort.
De ce dernier on ne sait rien de plus que ce qu'il nous apprend
lui-même dans l'intitulé de son œuvre : c'est un audomarois,
maître en arts Libéraux. On retrouve une famille de ce nom dans
la base généalogique de F. Regner, avec un Guillaume de Le Nort mais qui est
décédé avant 1608, ce ne peut donc pas être notre auteur dont
l’œuvre paraît en 1633 (à moins que la parution ait été
posthume). Le volume porte encore sur sa page de titre la mention
manuscrite : "A.F. Boutoille modu liber", ce nom aparait dans la
région mais pour l'instant nous n'avons pas identifié cet ancien
possesseur. Le texte porte également l’approbation de François
De Latre, chanoine et archiprêtre de Notre-Dame de Saint-Omer sous
l'épiscopat de Pierre Paunet (1628-1631), Christophe de Morlet
(1632-1633) et Christophe de France (1635-1656). Le texte est un
poème de 672 alexandrins, répartis en 112 sizains, qui relate de
manière très abrégée l'histoire de la fondation de Saint-Omer.
L'auteur crée une véritable mythologie de la création de
l'audomarois en associant notamment le nom de Sithiu : "Zetieu", à
celui de Zetés, l'un des deux fils du Dieu Borée (le vent du Nord
ici associé au nom d'un ancien roi des gaules celtiques), qui fait
partie des Argonautes qui accompagnent Jason en Colchide à la
recherche de la fameuse Toison d'Or, relatée par l'un des
évêques de Saint-Omer, le fameux Guillaume Filastre. C'est un jeu
littéraire sur le principe des fausses étymologies. Ainsi
"Sithieu / Zetieu est dérivé de "Sinius Icius", nom donné à
l’isthme qui s'engageait à l’époque gallo-romaine jusqu'au
pieds de l'abbaye de Saint-Bertin. L4auteur fait preuve d'un réel
talent et surtout d'une grande érudition, en appuyant ses propos
de nombreuses citation marginales tirées des auteurs classiques et
plus récents, comme la référence à la description d'Ortelius ou
à la Chronique de Froissard. C'est un texte poétique qui donne
une vision quelque peut idéalisée de la région et de la ville de
Saint-Omer, mais où l'on trouve quelques informations à priori
fiables sur certaines anecdotes, ainsi apprends-t-on les noms des
principales cloches de Saint-Bertin : Védastine (d'un poids de
18.000 livres), et de Notre-Dame : la Bongeoise (qui pesait 15.000
livres). On y dénombre 51 couvents de religieuses, quatre couvents
des ordres mendiants à côte de l'abbaye de Saint-Bertin, du
chapitre et des jésuites. On y mentionne aussi la vente de la
Prévôté de Watten par l'évêque Jacques Blase aux Jésuites
Anglais. De nombreuses autres références à l'histoire locale
sont ainsi évoquée de manière plus ou moins sibylline mais
toujours amusante et élégamment versifiée.