Il s'agit d'un traité de bienséance à la destination des
enfants, dont la tradition remonte au De civilitate morum puerilium d’Érasme,
composé en 1530 à l'attention du jeune Adolphe de Veere, petit
fils de la Marquise de Nassau qui fut la protectrice de l'humaniste
de Roterdam. Ce genre a connu une fortune considérable durant
toute l'époque moderne jusqu'au XIXe siècle. Les plus célèbres
des suiveurs d’Érasme sont Mathurin Cordier et le père
Jean-Baptiste de La Salle, fondateur des frères des écoles
chrétiennes. Ses "Règles de la bien-séance et de la civilité
chrétienne", ont aussi été édités à Saint-Omer, chez
François Louis Carlier en 1733 (Saint-Omer, BASO, inv. 13000).
L'une des particularités de ces ouvrages est leur typographie. Ils
sont imprimés jusqu'en 1820 avec des "caractères de civilité",
qui semblent imiter une cursive du XV ou du XVIe siècle et qui ont
beaucoup interrogé les érudits qui se sont intéressé à ce
genre (voir Rémi Jimenès, Les caractères de civilité:
typographie & calligraphie sous l'Ancien Régime : France,
XVIe-XIXe siècles, Histoire de l'écriture typographique, Volume
4, Paris, Atelier Perrousseaux, 2011). D'après Jérôme Pichon (Du
caractère dit de civilité) ces lettres sont issues de la volonté
des imprimeurs lyonnais Jean de Tourve et Robert Granjon de créer
une cursive française pour rivaliser avec l'"italique", et qu'ils
nommèrent "Lettre françoise de main", pour laquelle Granjon
reçoit un privilège royal en 1557. C'est l'impression en 1558
avec une imitation de ces caractère par Richard Breton et Philippe
Danfrie de la "Civile honesté" de Cordié qui consacre leur
appellation "caractères de civilité". Dans l'ouvrage audomarois,
qui se réclame d'une édition lilloise (probablement "La civilité
puérile : à laquelle est adjoustée la discipline & instruction
des enfans : aussi la doctrine & enseignement du pere & famille à
la jeunesse", Lille, Nicolas de Rache, 1666), on ne fait pas
mention de l'auteur. Le texte est divisé en cinq chapitres : I. De
toutes les parties du corps II. De la modestie et de la netteté
des habits III. Des repas et de la nourriture IV. Des choses
saintes V. Des visites Dont le contenu suranné offre un
intéressant aperçu des modes et des règles de conduites
d'autrefois.